Seite 4 von 7
Acte II
Alkèstis, Admètos et le chœur.
Buch kaufen
ADMÈTOS: Admètos, (car tu vois à quelle extrémité je suis) je désire, avant que je meure, te dire ce que je veux. Te respectant et donnant ma vie pour que tu voies la lumière, je meurs pour toi, quand je pouvais ne pas mourir, prendre qui je voudrais pour mari parmi les Thessaliens, et habiter une heureuse demeure royale. Je n’ai pas voulu vivre, t’ayant été arrachée, et avec des enfants privés de leur père ; et je ne me suis point épargnée, bien que j’eusse tous les dons de la jeunesse dont je pouvais jouir. Et ton père et ta mère t’ont trahi, quoique leur âge leur permît de mourir légitimement, et de sauver leur fils par une mort glorieuse. Tu étais, en effet, leur seul fils ; et toi, mort, aucune espérance ne leur restait d’avoir d’autres enfants. Et je vivrais alors, et tu ne gémirais pas, le reste de ta vie, privé de ta femme et élevant des enfants orphelins. Mais un Dieu a voulu que les choses fussent telles. Soit ! Pour toi, te souvenant de ceci, fais-moi une grâce, mais non semblable. Je ne t’en demanderai jamais une semblable, car rien n’est plus précieux que la vie, mais juste cependant, comme tu le diras toi-même. Tu aimes ces enfants autant que moi, en effet, si tu as de bonnes pensées. Qu’ils soient maîtres de ma demeure ! et ne les soumets pas à une marâtre qui me serait inférieure et qui porterait la main sur tes enfants qui sont aussi les miens. Ne fais pas cela, je te le demande. La marâtre qui succède à l’épouse est l’ennemie des premiers enfants, et ne le cède en rien à la vipère. Un fils a dans son père un sûr rempart ; il en appelle à lui, et le père lui répond. Mais toi, ô fille, comment seras-tu élevée honnêtement pendant les années de ta virginité ? Quelle femme de ton père rencontreras-tu ? J’ai peur que, répandant sur toi une honteuse renommée, elle n’empêche tes noces dans la fleur de ta jeunesse. Ta mère, en effet, ne te mariera jamais ; et elle ne sera pas là pour te rassurer pendant l’enfantement, quand rien n’est plus doux qu’une mère. Il me faut mourir, et ce malheur ne m’arrivera ni demain, ni le troisième jour du mois ; mais c’est à l’instant que je serai comptée parmi les morts. Soyez heureux ! Toi, époux, tu peux te glorifier d’avoir eu la meilleure des femmes, et vous, enfants, d’être nés de la meilleure des mères !