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2. Acte, 6. Scène
Monime et Xipharès
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MONIME:
Oui, Prince, il n'est plus temps de le dissimuler.
Ma douleur pour se taire a trop de violence.
Un rigoureux devoir me condamne au silence.
Mais il faut bien enfin malgré ses dures lois,
Parler pour la première et la dernière fois.
Vous m'aimez dès longtemps. Une égale tendresse,
Pour vous depuis longtemps m'afflige et m'intéresse.
Songez depuis quel jour ces funestes appas
Firent naître un amour qu'ils ne méritaient pas.
Rappelez un espoir, qui ne vous dura guère,
Le trouble où vous jeta l'amour de votre père,
Le tourment de me perdre, et de le voir heureux,
Les rigueurs d'un devoir contraire à tous vos voeux :
Vous n'en sauriez, Seigneur, retracer la mémoire,
Ni conter vos malheurs, sans conter mon histoire,
Et lorsque ce matin j'en écoutais le cours,
Mon coeur vous répondait tous vos mêmes discours.
Inutile, ou plutôt funeste sympathie !
Trop parfaite union par le sort démentie !
Ah ! Par quel soin cruel le ciel avait-il joint
Deux coeurs que l'un pour l'autre il ne destinait point ?
Car quel que soit vers vous le penchant qui m'attire,
Je vous le dis, Seigneur, pour ne plus vous le dire.
Ma gloire me rappelle, et m'entraîne à l'autel
Où je vais vous jurer un silence éternel.
J'entends, vous gémissez. Mais telle est ma misère.
Je ne suis point à vous, je suis à votre père.
Dans ce dessein vous-même il faut me soutenir,
Et de mon faible coeur m'aider à vous bannir.
J'attends du moins, j'attends de votre complaisance,
Que désormais partout vous fuirez ma présence.
J'en viens de dire assez pour vous persuader
Que j'ai trop de raisons de vous le commander.
Mais après ce moment, si ce coeur magnanime
D'un véritable amour a brûlé pour Monime,
Je ne reconnais plus la foi de vos discours,
Qu'au soin que vous prendrez de m'éviter toujours.