Seite 4 von 9
Acte IV, Scène VI
Roi Lear, Gloster et Edgar.
Buch kaufen
ROI LEAR: Quoi ! es-tu fou ? Un homme peut voir sans yeux comment va le monde. Regarde avec tes oreilles. Vois-tu comme ce juge déblatère contre ce simple filou ? Écoute, un mot à l’oreille : change-les de place, et puis devine lequel est le juge, lequel est le filou… Tu as vu le chien d’un fermier aboyer après un mendiant ? [...] Et la pauvre créature se sauver du limier ? Eh bien ! tu as vu là la grande image de l’autorité : un chien au pouvoir qui se fait obéir ! — Toi, misérable sergent, retiens ton bras sanglant : — pourquoi fouettes-tu cette putain ? Flagelle donc tes propres épaules : — tu désires ardemment commettre avec elle l’acte — pour lequel tu la fouettes. L’usurier fait pendre l’escroc. — Les moindres vices se voient à travers les haillons ; — les manteaux et les simarres fourrées les cachent tous. Cuirasse d’or le péché, — et la forte lance de la justice s’y brise impuissante : — harnache-le de guenilles, le fétu d’un pygmée le transperce. — Il n’est pas un coupable, pas un, te dis-je, pas un ! Je les absous tous. — Accepte ceci de moi, mon ami ; j’ai les moyens de sceller — les lèvres de l’accusateur. Procure-toi des besicles — et, en homme d’État taré, affecte — de voir les choses que tu ne vois pas… Allons, allons, allons, allons, — ôtez-moi mes bottes ; ferme, ferme ! c’est ça.