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Acte II, Scène II
Juliette et Roméo.
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JULIETTE: — Ô Roméo ! Roméo ! pourquoi es-tu Roméo ? — Renie ton père et abdique ton nom ; — ou, si tu ne le veux pas, jure de m’aimer, — et je ne serai plus une Capulet. [...] — Ton nom seul est mon ennemi. — Tu n’es pas un Montague, tu es toi-même. - Qu’est-ce qu’un Montague ? Ce n’est ni une main, ni un pied, — ni un bras, ni un visage, ni rien — qui fasse partie d’un homme… Oh ! sois quelque autre nom ! - Qu’y a-t-il dans un nom ? Ce que nous appelons une rose — embaumerait autant sous un autre nom. — Ainsi, quand Roméo ne s’appellerait plus Roméo, — il conserverait encore les chères perfections qu’il possède… - Roméo, renonce à ton nom ; — et, à la place de ce nom qui ne fait pas partie de toi, — prends-moi tout entière. [...] — Tu sais que le masque de la nuit est sur mon visage ; — sans cela, tu verrais une virginale couleur colorer ma joue, — quand je songe aux paroles que tu m’as entendue dire cette nuit. — Ah ! je voudrais rester dans les convenances ; je voudrais, je voudrais nier — ce que j’ai dit… Mais adieu, les cérémonies ! — M’aimes-tu ? Je sais que tu vas dire oui, — et je te croirai sur parole. Ne le jure pas : — tu pourrais trahir ton serment : les parjures des amoureux font, dit-on, rire Jupiter… Oh ! gentil Roméo, — si tu m’aimes, proclame-le loyalement : — et si tu crois que je me laisse trop vite gagner — je froncerai le sourcil, et je serai cruelle, et je te dirai non, — pour que tu me fasses la cour : autrement, rien au monde ne m’y déciderait… — En vérité, beau Montague, je suis trop éprise, — et tu pourrais croire ma conduite légère ; — mais crois-moi, gentilhomme, je me montrerai plus fidèle — que celles qui savent mieux affecter la réserve. — J’aurais été plus réservée, il faut que je l’avoue, — si tu n’avais pas surpris, à mon insu, — l’aveu passionné de mon amour : pardonne-moi donc — et n’impute pas à une légèreté d’amour cette faiblesse — que la nuit noire t’a permis de découvrir.